L’exposition revient sur les étapes de construction et le lancement d’un géant des mers qui se voulait une vitrine du savoir-faire et du savoir-vivre français. Les techniques et les matériaux utilisés sont largement abordés de même que l’organisation de la vie à bord. Le tout à l’aide d’un ensemble d’objets (plans, maquettes…), de mobiliers et d’oeuvres d’art en provenance du paquebot.

Visuel de l'exposition (Source: Musée national de la Marine)

On peut regretter que l’exposition n’ait pas davantage donné la parole aux passagers, même et surtout aux illustres inconnus, ayant navigué sur le paquebot. Cela aurait quelque peu renforcé sa dimenson « humaine », et facilité l’identification du public à l’objet en question. Certes le témoignage d’un ouvrier ayant travaillé sur le chantier de construction du France est émouvant mais quelque peu esseulé parmi la masse d’objets et de plan présentés destinés plutôt à un public féru de technique. Il faut, en fait, se rendre sur le site web de l’expo pour retrouver d’autres témoignages vidéos. C’est un parti pris comme celui de ne nullement faire appel aux multimédias interactifs en privilegiant le plus souvent la mise en scène d’objets. Dans la découverte de cette exposition l’audioguide tient de ce fait une place primordiale dans la mesure où c’est lui qui assure la médiation entre le public et l’objet du discours. Son utilisation permet dans le même temps de réduire les contraintes liées au multilinguisme (place et taille des textes…).

Il n’en demeure pas moins vrai que pour une expo à portée générationnelle (s’adressant implicitement à la mémoire du public ayant « vécu » le lancement et les déboires du navire) la médiation aurait pu davantage faire appel à cette même mémoire collective, même anonyme. A moins que les organisateurs entendent plus jouer sur la fibre identitaire des visiteurs de nationalité française pour asseoir son pouvoir attractif. Une même fibre mise, au passage, à contribution, à la sortie de l’expo, pour la souscription de bons pour la construction d’un nouveau « France », version second millénaire. L’occasion de prolonger encore pour quelques années le plaisir de la visite…